
Le psoriasis infantile peut être difficile à vivre, aussi bien pour l’enfant qui fait face à une maladie visible pouvant l’amener à subir des moqueries, que pour ses parents qui doivent faire face à la maladie chronique de leur enfant.
Le psoriasis de l’enfant est-il fréquent ?
Le psoriasis de l’enfant n’est pas une maladie rare. Bien que sa fréquence exacte au sein de la population pédiatrique ne soit pas facile à évaluer, on estime qu’environ 0,7 % des enfants de moins de 18 ans en sont atteints et que l’on attendrait 1 % à la fin de l’adolescence. Par ailleurs, il semble qu’avant 18 ans la maladie soit un peu plus fréquente chez les filles que chez les garçons. Enfin, on estime que plus d’un tiers des patients adultes souffrant de psoriasis l’ont développé dès l’enfance, et surtout durant l’adolescence.
Quels sont les aspects spécifiques du psoriasis de l’enfant ?
Tout comme chez l’adulte, le psoriasis de l’enfant est une maladie chronique évoluant par poussées. Un enfant développant un psoriasis pourra en souffrir toute sa vie, sans que l’on puisse prédire la survenue des crises ou l’aggravation de la maladie.
Bien que toutes les formes cliniques de psoriasis puissent se voir chez l’enfant, la forme la plus fréquente est, comme chez l’adulte, celle dite « en plaques », qui correspond à l’apparition de plaques rouges couvertes d’une croûte blanche adhérente.

Les formes cliniques présentées ont tendance à évoluer avec l’âge des patients : les très jeunes enfants présentent plus souvent des lésions spécifiques, alors que les formes adolescentes se rapprochent plus de ce qui est observé chez l’adulte. L’atteinte du visage est ainsi plus fréquente chez le petit enfant que chez l’adulte, avec une localisation des plaques sur les deux joues, ces plaques étant très inflammatoires, systémiques et bien limitées, lui donnant un aspect en « clown rouge ». Le psoriasis du cuir chevelu est également très fréquent chez l’enfant comme chez l’adolescent.
Des localisations et des formes particulières sont également présentes chez les enfants :

Le psoriasis des langes
Il se développe au cours des deux premières années de vie sur le siège de l’enfant (fesses, vulves, plis de l’aine), et peut ensuite s’étendre sur toute la zone des couches, et ce également chez l'enfant plus grand et l'adolescent (localisation au niveau des organes génitaux externes).

Le psoriasis en gouttes
C’est une éruption rapide et diffuse faite de petites plaques de psoriasis, généralement localisées sur le tronc et la racine des membres. Il apparait le plus souvent à la suite d’un épisode infectieux (souvent infection du type angine à streptocoque) ou post-vaccination, en particulier chez les adolescents, et serait la première manifestation psoriasique chez 20 à 40 % des enfants.

Des atteintes extra-cutanées peuvent également apparaitre
Il s’agit notamment des atteintes au niveau des ongles (environ un tiers des enfants), de la langue (environ 10 % des enfants) et des rhumatismes articulaires, qui restent rares chez les enfants (moins de 5 % des adolescents, exceptionnel avant 12 ans).
Des facteurs favorisants ont-ils été identifiés ?
Le psoriasis est une maladie à forte composante génétique : plusieurs gènes ont été identifiés comme prédisposant à son apparition, et on estime à 1 sur 4 le risque qu’un enfant dont l’un des parents souffre de psoriasis en soit également atteint. La maladie pourra alors se manifester dès l’enfance ou seulement à l’âge adulte.
Bien que le psoriasis soit favorisé par un terrain génétique particulier, ce dernier ne suffit pas à son déclenchement. De nombreux facteurs environnementaux sont également impliqués dans le déclenchement et/ou l’aggravation des poussées. Parmi ces déclencheurs identifiés, on retrouve notamment :

Le stress

Certaines infections

Les traumatismes cutanés

Certains médicaments
D’autres facteurs de risque sont également associés au développement de la maladie. Ainsi, le surpoids est, tout comme chez l’adulte, associé au déclenchement du psoriasis chez les enfants. Il a par ailleurs été montré que les enfants en surpoids sont sujets à des formes plus sévère de psoriasis que ceux ayant un statut pondéral normal. Il n’existe en revanche aucun lien entre l’apparition infantile d’un psoriasis et la survenue d’une obésité ou de comorbidités cardiovasculaires et métaboliques à l’âge adulte. Enfin l’apparition précoce de la maladie n’est pas révélatrice de sa sévérité ultérieure, ni de l’apparition d’un rhumatisme psoriasique.
Quelles sont les particularités de la prise en charge du psoriasis de l’enfant ?
Bien qu’elle soit visible, et par là-même handicapante, le psoriasis est une maladie le plus souvent sans gravité dont la prise en charge sera avant tout axée sur un maintien de la qualité de vie de l’enfant et d’une vie la plus normale possible. L’objectif sera ainsi de lui éviter autant que possible les moqueries de ses camarades en prenant rapidement en charge les lésions les plus visibles, notamment celles apparaissant au niveau du visage ou du cuir chevelu. Quant aux lésions moins visibles, elles pourront être traitées de façon moins agressive tant qu’elles sont bien tolérées.
Les objectifs thérapeutiques doivent être définis conjointement avec l'enfant, ses parents, et le dermatologue. Un traitement alliant éducation thérapeutique, prévention des facteurs déclenchants ou aggravants, et traitement topique ou systémique séquentiel pourra être proposé par le dermatologue.