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L’Angioedème dans l’urticaire chronique spontanée
L’angioedème est un événement souvent très angoissant pour les patients atteints d’urticaire chronique spontanée. Il n’est toutefois pas un signe de gravité de l’urticaire et ne comporte pas de risque vital, comme nous l’indique le Professeur Frédéric Bérard.
Le Pr Frédéric Bérard est chef du service d’Allergologie et d’Immunologie clinique du Centre Hospitalier Lyon-Sud (Pierre-Bénite).
Pouvez-vous nous donner la définition de l’angioedème ?
L’angio-oedème est un œdème profond de la peau et des muqueuses qui va faire gonfler, et déformer la peau et les muqueuses. Il est lié à la dilatation et l’augmentation de la perméabilité de la paroi des vaisseaux sanguins. Le sérum, qui normalement est à l’intérieur des vaisseaux, va alors traverser leurs parois, entrer dans les tissus et les faire gonfler.
Est-ce douloureux ?
Ce n’est pas forcément douloureux, mais cela peut l’être. Dans l’urticaire chronique spontanée, l’angioedème est souvent précédé par une sensation de démangeaisons car l’activation des vaisseaux est dépendante de l’histamine. Quand il apparaît, il peut être tendu, voire un peu douloureux. Mais il est surtout stressant pour les patients.
Combien de temps durent les poussées d’angioedème ?
Leur durée est très variable. Elles peuvent persister 2 ou 3 jours.
L’angioedème est-il synonyme de gravité de l’urticaire chronique ?
Dans l’urticaire chronique spontanée, l’angioedème n’est pas du tout synonyme de gravité de la maladie. En revanche, plusieurs études suggèrent que les patients qui présentent de l’angioedème ont peut-être une durée de leur maladie un peu plus longue et peuvent avoir besoin d’un peu plus de traitements pour contrôler leur urticaire.
Quelle est la fréquence de l’angioedème dans l’urticaire chronique spontanée ?
Sa fréquence est très variable. Classiquement, il est estimé que dans 33 à 67 % des cas, les plaques d’urticaire et les angio-oedèmes peuvent coexister. Toutefois, les données suggèrent que seul 1 à 13 % des patients seraient atteints d’angio-oedèmes exclusivement, sans plaques d’urticaire superficielle.
Des facteurs d’exacerbation sont parfois présents dans l’urticaire chronique spontanée. Sont-ils les mêmes pour l’angioedème ou existe-il des facteurs spécifiques d’exacerbation ?
Les facteurs d’exacerbation de l’urticaire chronique spontanée peuvent générer des plaques superficielles ou des angio-oedèmes. Ces derniers, quant à eux, peuvent survenir quelle que soit la cause de l’urticaire.
L’angioedème est très angoissant pour le patient, mais est-il dangereux ?
Non, l’angioedème au cours de l’urticaire chronique spontanée n’est pas dangereux, contrairement à l’angioedème d’origine allergique ou « anaphylactique ». Aucun cas de décès n’a été publié lors de la survenue d’angioedèmes dans le cadre d’une urticaire chronique spontanée et l’état des patients ne nécessite jamais l’intervention du SAMU. En revanche, il est très angoissant pour les patients de voir certaines parties de leur corps gonfler, en particulier lorsqu’il s’agit du visage ou des muqueuses. Il est alors nécessaire de dédramatiser, de leur expliquer qu’il ne s’agit pas d’un œdème de Quincke allergique, qu’ils ne risquent donc pas d’en mourir. Une consultation peut suffire à dédramatiser la situation et à expliquer au patient que l’angioedème n’est pas dangereux. Lorsque cela n’est pas suffisant, certains services ont aussi mis en place des programmes d’éducation thérapeutique pour les patients atteints d’urticaire chronique spontanée.
Quel est l’impact des angioedèmes sur la qualité de vie ?
De nombreuses publications ont montré que les angioedèmes de l’urticaire chronique spontanée ont un impact majeur sur la qualité de vie des patients. Cela ne fait plus aucun doute, et cela est souvent sous-estimé par les médecins et le grand public.
C’est pourquoi il me semble important de pouvoir recevoir les patients, d’en parler et éventuellement de leur proposer de l’éducation thérapeutique, quand cela est possible.